Le streaming va-t-il tuer le cinéma français ? L'accord Disney+ qui change tout

Pendant des décennies, la France a protégé ses salles de cinéma avec un système unique au monde : la chronologie des médias.
Objectif : garantir qu’un film sorte d’abord au cinéma, puis des mois plus tard en streaming ou à la télévision.

Mais un accord historique avec Disney+ vient de rebattre les cartes.
Résultat : la frontière entre salles et plateformes s’efface, et le modèle du cinéma français entre dans une zone de turbulence… ou d’opportunités.

C'était comment avant ?

Jusqu’à récemment, en France, un film sorti au cinéma ne pouvait arriver sur une plateforme comme Disney+, Netflix ou Amazon Prime qu’au bout de 17 mois.

La règle française : protéger la salle, puis financer la création nationale.

Le public râlait.
Les plateformes protestaient.
Hollywood menaçait même de sortir certains films directement en streaming, sans sortie cinéma.

Bref, le conflit couvait depuis longtemps.

L’accord Disney qui change tout

En 2025, Disney+ a obtenu le droit de diffuser certains films seulement 9 mois après leur sortie en salle — soit presque deux fois plus tôt qu’avant.

Ce que ça veut dire pour toi

• Attendre moins longtemps pour voir Marvel, Pixar ou Star Wars

• Plus de chance qu'un film US sorte en France plutôt qu’en streaming direct aux USA

• Fin probable des piratages “par impatience”

Mais pour le cinéma français… risque ou opportunité ?

Les opportunités

Plus d’accès du public au cinéma ce qui pourrait maintenir l'intérêt pour les films, Moins de piratage et donc plus de revenus pour l'industrie, Pression pour moderniser la salle ce qui va susciter des expériences premium et plus d'innovations, Plus d’investissement des plateformes avec les films français financés par Disney, Netflix, Amazon

Les risques

Moins de fréquentation en salle qui aura pour impact la baisse des recettes pour les exploitants, Les plateformes prennent le pouvoir donc Hollywood influence le marché français, Uniformisation culturelle avec moins de diversité des films, Films français moins visibles avec une concurrence féroce pour le public

Les chiffres qui parlent

• Le box-office mondial repart à la hausse

• Mais le nombre de films produits diminue (modèle plus “sélectif”)

• Les plateformes deviennent coproducteurs autant que diffuseurs

Autrement dit :
moins de films, mais des films plus gros, plus internationaux, plus calculés.

Alors… la salle va-t-elle mourir ?

Non.
Mais elle doit se réinventer.

Les spectateurs ne veulent pas choisir entre cinéma et streaming —
ils veulent les deux, et mieux.

Ce qui sauvera la salle :

• Expériences cinéma premium (IMAX, 4DX, Dolby)

• Festivals, événements live, rencontres avec les réalisateurs

• Films exclusifs disponibles uniquement en salle

La salle n’est pas morte : elle doit redevenir un événement.

Le vrai enjeu : la souveraineté culturelle française

La France n’est pas qu’un marché de films.
C’est une industrie culturelle stratégique, soutenue par l'État, le CNC, et une tradition d’auteur.

Le débat n'est donc pas “cinéma vs streaming”,
mais :

Comment équilibrer modernité, accès rapide et protection de la création française ?

La France peut-elle devenir un modèle ?

Avec ses règles, ses fonds, ses festivals et ses talents, la France pourrait devenir :

• Le hub européen du cinéma premium

• Un modèle hybride entre salle & streaming

• Un champion de la diversité culturelle

Mais à une condition :

Accepter l’évolution sans sacrifier l’identité cinématographique française.

Conclusion

Le streaming ne va pas tuer le cinéma français.
Mais il va le transformer profondément.

L’accord Disney+ marque :

• La fin d’un ancien monde

• Le début d’un nouveau modèle hybride

• Une bataille stratégique entre salles, plateformes et culture nationale

Et dans cette bataille, le public français sera gagnant… si l'industrie s'adapte.

À propos de l'auteur

Salomon Bakulu
Passionné de cinéma, de narration audiovisuelle et d’innovation culturelle.
Analyse les tendances du cinéma mondial et l’évolution de l'industrie créative à l'ère du numérique.